Mesdames et Messieurs les Élus,
Mesdames et Messieurs les Présidents des associations patriotiques,
Mesdames et Messieurs les représentants des Corps Constitués,
Messieurs les Porte-Drapeaux,
Mesdames et Messieurs,
Nous partageons en ce jour un moment solennel qui nous rappelle l’armistice du Premier conflit mondial lorsque le vacarme et la folie des Hommes s’est tue à 11 heure du matin.
Dans toute la France, les cloches sonnent à la volée.
Au front, les clairons bondissent sur les parapets et sonnent le « Cessez-le-Feu », « Levez-vous », « Au Drapeau ».
La « Marseillaise » jaillit à pleins poumons des tranchées.
Même soulagement en face, dans le camp allemand.
Un conflit qui a vu tant d’hommes, tant des nôtres, quitter leur terre, leurs enfants, leurs parents, leurs clochers pour défendre la patrie.
Des hommes simples, qui ont quitté ce qu’ils avaient de plus cher pour faire leur devoir, par amour de la France.
Cette guerre, que beaucoup pensaient être la « der des der » nous interpelle, nous passionne tous car elle fut un évènement qui embrasa des millions de personnes dans une histoire commune, des hommes de toutes les régions de France, des Hommes des colonies, des hommes de toutes classes sociales, de toute l’Europe jetés dans la même boue ensanglantée.
Les mêmes attentes et les mêmes pleurs qui résonnaient dans chaque foyer.
La question que nous nous posons avec nos esprits d’aujourd’hui revient sans cesse.
Mais comment ont-ils pu tenir si longtemps ?
Comment ces Hommes, qui n étaient différents en rien d’autres hommes, que rien ne prédestinait à devenir des héros, souvent anonymes, ont-ils pu affronter ces déchaînements de violences imprévisibles ?
Ils étaient des fils et des pères et ils sont tombés aux champs d’honneur pour défendre un idéal qui s’appelait France.
Ils ont tenu pour défendre leur terre.
Ils ont tenu dans des conditions effroyables par solidarité envers leurs camarades qui étaient devenus leur seconde famille.
Ils ont tenu car ils avaient espoir de retrouver leur famille qui les accueillerait en héros.
Ils ont tenu car ils étaient des Hommes tout simplement.
Aujourd’hui on se souvient de tous ceux qui perdirent la vie dans la fleur de l’âge.
On ne peut oublier l’éclat de leurs sourires de jeunesse auquel répondirent d’autres éclats, des éclats de ceux qui tranchent net un bras ou une jambe, arrachent une tête, coupent un homme en deux par le milieu du corps comme l expliquait Maurice Genevoix en racontant Verdun et en décrivant ces éclats d’obus, qui grondaient, qui tombaient en pluie torrentielle.
On doit se souvenir de tous ces hommes blessés à tout jamais, cassés à tout jamais.
Les sans visages, les gueules cassées, les sans bras, les sans jambes dont le retour marqua le compte à rebours d’une nouvelle agonie.
Ces hommes ont été courageux sur les champs de bataille mais ils l’ont été tout autant après leur retour, pour vivre, malgré leurs blessures de chair mais aussi leurs blessures mentales. Ces dernières, intimes et profondes qui ne veulent pas mourir.
Aujourd’hui j’ai une pensée pour nos amis allemands, nos ennemis d’hier, avec lesquels nous avons bâti la paix car la pluie d’acier était bien la même des deux côtés de l’orage comme le décrit le soldat Ernst Junger : » un jeune garçon à qui ma balle avait traversé le crâne de part en part, gisait là… Je me contraignis à le regarder dans les yeux.
Je suis souvent revenu en pensée à ce mort, et plus fréquemment d’année en année.
Il existe une responsabilité dont l’Etat ne peut nous décharger : c’est un compte à régler avec nous-mêmes.
Cette pensée pénètre jusque dans la profondeur de nos rêves. »
Pour tout cela,
Pour cette histoire tragique,
Pour tous ces hommes,
Pour eux et seulement pour eux,
Je vous demande d’être fidèles à ces dates du souvenir.
J’en profite également pour faire un appel aux jeunes afin de perpétuer cette mémoire qui ne peut mourir.
Faut-il continuer de commémorer l’Armistice ?
Après la mort du dernier « poilu » français, en 2009, que peuvent encore signifier la commémoration de l’Armistice du 11 novembre et les cérémonies rituelles devant les monuments aux morts ?
Faut-il les supprimer comme certains le suggèrent ?
Je vous demande d’applaudir Pierre-Ange Gelormini, 16 ans, élève de 1ère S, qui, en nous faisant savoir qu’il était volontaire et motivé pour participer à cette cérémonie vient d’apporter la plus belle des réponses.