Interview le Fium’orbu Castellu Gymnastique

Entretien avec l’entraîneur du Fium’orbu Castellu Gymnastique Club

Eva Gorbinkoff : « Les filles de Ghisonaccia en veulent, elles ont faim de titres, ce sont de vraies
guerrières ! »

Professeur de gymnastique artistique, Eva Gorbinkoff est installée depuis plus de dix ans à Ghisonaccia. Elle a fait certainement le plus beau et le plus difficile choix, le choix d’accompagner de jeunes élèves, de les initier à l’un des sports les plus majestueux et surtout des plus exigeants au monde. Elle a fait le choix de consacrer toute son énergie pour développer la gymnastique dans un territoire rural… Pour les enfants ! Et par passion !

Le week-end dernier, le Fium’orbu Castellu Gymnastique Club a organisé une compétition régionale
à la Halle des Sports de Ghisonaccia. Quel a été l’objectif de cette manifestation ?


Oui, c’est la première fois qu’une compétition régionale était organisée à Ghisonaccia. Cette compétition a été entièrement créée par le Comité Régional, ce sont des « Parcours » se déclinant par le biais de 10 ateliers. Cela part du niveau 1 jusqu’au niveau 5. Le niveau 1 est organisé par le club, le niveau 2 est organisé à l’échelle départementale et les niveaux 3, 4 et 5 se font au niveau régional. Ce sont ces derniers niveaux qui ont été mis en œuvre le dimanche 2 avril. 170 gymnastes des sept clubs insulaires ont participé à cette manifestation. Le but pour chaque gymnaste était d’avoir assez de points par atelier pour valider ensuite le Parcours.

De quelle manière, organisez-vous les ateliers ?
Chaque atelier se décline sous la forme de thèmes, il y a les rotations avant, les rotations arrière, les souplesses dorsales, les maintiens aux barres, les exercices à la poutre, etc. Chaque atelier est noté sur 5 points. Au maximum, on peut atteindre un total de 50 points. Chaque enfant doit présenter un élément imposé et le réaliser de la meilleure des façons possibles. Il faut 30 points pour valider les Parcours 3 et 4 et 32 points pour le Parcours 5. Il y a deux juges diplômés de la Fédération Française de Gymnastique par atelier qui se chargent de noter l’exécution des éléments. C’est une compétition qui est réservée exclusivement à la catégorie « Poussine » soit les années de naissance suivantes : 2014, 2015, 2016 et 2017.


Les tout-petits donc ?
C’est les premières compétitions de leurs vies. Nous n’avions pas tout le matériel requis pour organiser la compétition à Ghisonaccia mais il existe une très belle entente entre tous les clubs insulaires. Ils nous ont apporté le matériel manquant pour que l’on puisse organiser ce bel événement.


Comment se déroule la vie au quotidien du club ?
Cette année est une très belle année en termes d’adhérents, nous avons plus de 160 adhérents. C’est une de nos meilleures années après je ne vais pas le cacher, les conditions de travail ne sont pas optimales. Nous travaillons dans une petite salle avec peu de matériel. Il nous manque deux agrès principaux que sont le sol et le saut que nous partageons un peu avec le Dojo. Des fois, les compétitions se font en même temps et malgré toute la bonne volonté de chaque club et de chaque discipline, nous ne pouvons pas utiliser pleinement le saut. Nous aimerions, un jour, avoir une salle spécialisée Gym.


Une situation très difficile ?
La Gym est un gros budget, le matériel coûte cher, créer un gymnase uniquement pour notre club ne peut être dans les priorités, je peux le comprendre et j’en suis consciente mais nous sommes parvenus à faire quatre championnats de France avec des moyens plus que limités. Hormis la période COVID, tous les ans, nous obtenons de très bons résultats, rien que cette année, nous avons déjà récolté trois titres de champions régionaux et la saison n’est pas encore terminée. Pour le peu que nous avons, nous faisons des résultats exceptionnels et je trouve cela magnifique. Les filles en veulent vraiment, elles ont faim de titres, ce sont de vraies guerrières ! La récompense est d’autant plus belle que lorsque nous arrivons en championnat de France, nous voyons les différences entre nos jeunes filles et les autres qui disposent d’importantes et modernes installations mais aussi de programmes d’entrainement hebdomadaires qui dépassent les 10/15 heures quand nous pouvons péniblement atteindre les 7,8 heures au sein de notre club. Je suis toute seule pour entraîner les jeunes et d’autre part, il n’y a pas de possibilité d’agrandir la salle ni d’avoir deux groupes en même temps mais je suis très fière des filles et de dynamique impulsée.

170 enfants et autant de parents durant un dimanche, cela représente une très belle manifestation
et de belles retombées pour la commune ?

On essaye et il faut reconnaitre que nous avons la chance d’avoir un très beau gymnase avec une capacité d’accueil qui est assez importante par rapport à d’autres structures. La disposition du grand gymnase est propice à ce type d’événement. Si un jour, on pourrait organiser des qualifications régionales pour le championnat de France, on le ferait mais il nous manque du matériel.