Entretien avec les organisateurs de Corsica Lirica à Ghisonaccia : la mezzo soprano Katerina Kovanji et son époux David Aidan.

Corsica Lirica, un concours pour découvrir les jeunes talents de demain !

Qui dit Opéra, dit Puccini, Verdi ou encore Berlioz ! Qui dit concours lyrique peut dire aujourd’hui Ghisonaccia par le biais de Corsica Lirica dont la troisième édition est prévue sur notre commune du 21 au 24 septembre. A l’international, le succès est au rendez-vous puisque Corsica Lirica fait, à présent, partie des concours les plus reconnus et les plus réputés dans ce registre. David Aidan et Katerina Kovanji ont, bien volontiers, répondu à nos questions.

Quel bilan peut-on déjà dresser de la dernière édition de Corsica Lirica ?

David Aidan : Pour la seconde édition, 2500 candidats avaient été contactés. Parmi eux, 80 se sont inscrits en pré-sélection pour 42 candidats qui sont venus en Corse. 42 candidats pour 24 nationalités différentes mais aussi et surtout un niveau de qualité d’interprétation qui fut des plus élevés. Les lauréats sont issus d’Israël, de Corée du Sud, du Portugal, des Etats-Unis, d’Espagne, d’Italie, d’Ukraine et de Russie.

D’ailleurs, l’un des symboles forts de cette seconde édition fut le parcours commun de la chanteuse ukrainienne et de la chanteuse russe qui avaient choisi de voyager ensemble, de loger ensemble et de passer le séjour ensemble. Ce qui, dans la période tragique que nous traversions et que nous traversons encore, a une haute valeur symbolique.

La troisième édition est déjà en pleine préparation. Comment se déroule la période de sélection ?

Katerina Kovanji : Nous souhaitons bien sûr accueillir davantage de candidats mais en continuant à faire s’élever le niveau de qualité. Les pré-sélections seront encore plus sévères qu’en 2022. La période d’inscription a été ouverte, il y a quelques jours. En à peine une dizaine de jours d’inscriptions, nous avons déjà atteint le nombre de candidats inscrits l’année dernière alors que nous avions six semaines de plus d’inscriptions. Il y a clairement un engouement au niveau international. On est toujours surpris de voir que des chanteurs et des chanteuses puissent venir d’aussi loin. Nous avons une personne qui vient de Philadelphie, une candidate coréenne et quelqu’un qui vient du Japon. On ne sait pas si elles seront à Ghisonaccia en septembre car c’est la pré-sélection mais le résultat est déjà considérable.

Dans ce monde de l’Opéra lyrique, Ghisonaccia est donc devenue un événement et une date clés ?

David Aidan : C’est un concours de qualité. C’était notre objectif premier de positionner Ghisonaccia sur la carte des concours internationaux. Chaque édition apporte sa pierre à l’édifice, chaque édition contribue au rayonnement de la ville et du concours. Aujourd’hui, nous pouvons dire que l’autorité de Ghisonaccia dans le domaine du concours lyrique, s’affirme sur le plan international grâce à la très grande qualité des interprétations.  

Cette sélection est de plus en plus rigoureuse. Quelles sont les contraintes imposées ?

Katerina Kovanji : Les sélections sont réalisées par les membres du jury et par moi-même à partir des écoutes des enregistrements audio et à la lecture des enregistrements vidéos. Pendant ces lectures, nous prenons en compte, bien sûr, la qualité vocale de l’intervenant mais aussi son jeu de scène et son interprétation.

Des changements importants sont prévus pour cette troisième édition ?

David Aidan : En termes de format, il n’y a pas de modification. Nous sommes sur un concours se déroulant en quatre étapes, la pré-sélection en ligne, les demi-finales, la finale et le gala. Cela reste la trame principale. La caractéristique principale qui distingue Ghisonaccia des autres concours européens est qu’il s’agit du seul concours imposant aux finalistes d’interpréter un air en langue régionale, à savoir le faire en langue Corse. C’est quelque chose que les candidats appréhendent parfois, anticipent en permanence et apprécient énormément lorsqu’ils sont sur place. C’est une dimension qu’aucun autre concours n’offre actuellement. Lorsqu’ils ont des difficultés pour l’interprétation du Corse, nous leur proposons des séances de coaching sur Internet. Tous les demi-finalistes doivent apprendre un air en langue Corse car ils sont tous potentiellement finalistes. C’est un travail très intéressant, très valorisant et surtout très utile puisque parmi les demi-finalistes de l’an dernier, une d’entre elles a choisi de conserver cet air dans son répertoire.

Ce concours est audacieux mais il repose aussi et surtout sur votre implication, le travail que vous fournissez tout au long de l’année. Quel message souhaitez-vous apporter ?

Katerina Kovanji : Je suis très heureuse du niveau de qualité que nous avons réussi à obtenir. Les chanteurs travaillent durement, ils font d’importants efforts pour participer au concours notamment avec l’apprentissage de l’air en langue Corse. Cette année, nous proposons ainsi une masterclass online pour leur faciliter les choses. Nous sommes également très satisfaits par l’implication des membres du jury. Ils apportent leur expérience, leur professionnalisme et leur réputation auprès des jeunes talents. Les lauréats des deux premières éditions de Corsica Lirica rencontrent un vif succès dans le monde. Ainsi, la jeune espoir de 2021 a intégré l’Opéra de Paris. L’autre lauréat de la même année, a reçu, de son côté, une prestigieuse récompense à Vienne. Ce dernier remercie à chaque fois Corsica Lirica et Ghisonaccia. C’est important de permettre aux jeunes de déployer leurs ailes. Enfin, je voudrais profondément remercier le maire, Francis Giudici car c’est notre premier soutien ainsi que la générosité de la ville de Ghisonaccia.